mardi 26 juin 2012

Satisfactions

Si ces jours, je ne vois le jardins qu'à travers la brume (eh oui, on est en été!), ou sous un rideau de pluie, j'ai quand même quelques satisfactions ...


La floraison des digitales été spectaculaire, même si elles commencent à se déplumer. Leur plantation un peu anarchique à l'automne 2010 (deux ans pour fleurir, elles prennent leur temps chez moi), a permis de belles associations, dont celle-ci qui m'a enchantée pendant une bonne semaine

Digitales et Clématite Warsawska

Le bambou a bien aimé mon "traitement" : recépage et ajout de terreau. Le seringat s'est étalé de toute sa largeur, mais déjà les nouveaux chaumes font écran aux branches qui dépassent sa place réservée.


La pluie a transformé les pétales des fleurs en flocons persistants. Au fond du jardin, les Oeillets des poètes se marient à l'alchémille, à l'origan, à la sauge et aux pois de senteur vivaces pour une petite scène sans prétention, envahie par pas mal de mauvaises herbes. Je vais devoir m'atteler à cette partie du jardin dès la fin de leur floraison.


Et l'Ephémère de Virginie (Tradescantia andersoniana) a ressuscité, grâce certainement à ces pluies bienfaitrices qui lui ont permis de résister à l'absorption impressionnante de l'eau par le chêne au dessus de sa jolie corolle. Le terrain est très sec, le géant n'ayant aucun scrupule à pomper toute l'humidité de cette plate-bande.

Tradescantia andersoniana
Les clématites sont belles aussi, malgré le gel, malgré la pluie ... et cette petite C. Piilu fleurit merveilleusement bien cette année, même si ses fleurs restent petites et simples. 

Clématite piilu
Je voulais tailler les buissons défleuris mais le jardin dégouline ... Pourtant, entre les Weigelias, les Deutzia, les Seringats et les Spirées, j'ai de quoi faire plusieurs fagots pour la déchetterie. Mais je le ferai au sec, pour que le plaisir de la taille reste intact!
Dans le bassin, ce merveilleux Iris laevigata "Alba" qui ne fleurit pas toutes les années offre ses fleurs charnues et spectaculaires : il est parfait pour clore ce billet où il est question de l'eau du ciel.

Iris laevigata "Alba"



jeudi 21 juin 2012

Rose et pourtant rouge


Commençons tout de suite par la première rose que j'ai plantée dans mon jardin actuel : la classique Papa Meilland, dont je ne me suis jamais lassée, ni de la couleur, ni du parfum. Le rosier par contre est plutôt capricieux et s'il peut fleurir jusqu'à l'extase, il y a des années, où il ne survit pas au froid ... La photo ci-dessous ne lui rend pas honneur, mais c'est la première rose d'une bouture reçu il y a plus deux ans d'une amie de Charente Maritime, chez qui le rosier forme un buisson énorme et croulant sous les lourdes têtes bordeaux.

Papa Meilland, Meilland
Cadeau de bouture aussi d'une collègue, pour cette magnifique Mister Lincoln, qui bon an mal an présente deux tiges robustes et fleurit tout l'été. Son parfum est légèrement citronné, capiteux pourtant.

Mister Lincoln, Swim and Weeks
Ici, je glisse celle que je n'aime pas, mais qui s'obstine à faire des fleurettes : rouge idiot, sans parfum, chêtive, mais toujours présente depuis ... 1994. M. Gine, lui, l'aime bien, ce rosier! Il portait l'étiquette "Soleil", c'est peut-être Plein Soleil de Lapierre.

Plein Soleil, Lapierre, peut-être
En fait, je ne réussis pas vraiment les rosiers rouges ... Voici Big Purple, prix du parfum à Genève, qui gèle toutes les années et repart de sa base à chaque fois : je le garde tout près de la terrasse et il  a la bonne volonté de me faire 4 à 5 fleurs par année.

Big Purple, Stefen
Une autre bête à chagrin, le rosier Malicorne de Delbard, acheté en 2010, et qui daigne faire une fleur cette année. Je suis récompensée de mon obstination : forme et couleur merveilleuses, malgré la petite taille ...

Malicorne, Delbard
Je sais, l'hiver a été terrible pour les plantes, tous mes rosiers sont repartis de leur base et je ne peux pas trop leur demander cet été. Je les avais bien nourris avant l'hiver, et dûment protégé leur point de greffe : ils ont survécu et leur feuillage est sain.
J'ai encore une bouture de Squire, de David Austin, mais si les boutons sont là, elle n'a pas encore fleuri, tout comme L.D. Braithwhaite, du même Austin. Je vous les garde pour un prochain billet rouge et anglais.


mardi 19 juin 2012

Trois Anglaises



Dans mes premiers jardins, je n'avais pas de rosiers ... ou alors des rosiers redevenus sauvages, des églantines mignonnes. Je me pensais incapable de soigner la reine des fleurs, alors même que je taillais la vigne et les arbres fruitiers, technique bien plus ardues apprises de mon père.
Puis l'envie est venue de vieux rosiers thés, tels le Mme Meilland, associé au parfum citronné de l'allée de gravier où je jouais enfant. Finalement, j'ai craqué pour les roses anglaises et j'ai planté dans mon jardin actuel le rosier Abrahm Darby, de David Austin.

Abraham Darby, de David Austin 
J'aime tout chez lui, sa couleur un peu abricotée, son parfum élégant, son opulence et sa longévité. Il est au jardin depuis 1993. Il a été recépé à plusieurs reprises - dont cette année - pour repartir de plus belles et offrir ses larges corolles juponnées, résistantes à la pluie.

Abrahan Darby, de David Austin
C'est vrai que suite au gel, je n'ai pas de grands rosiers dégoulinant de fleurs, comme ceux que j’admire sur les blogs des régions plus tempérées que la mienne. Toutes les pousses sont de l'année, et je suis satisfaite de les voir fleurir, même si beaucoup en sont encore à l'état de pousses sans boutons floraux.

Le rosier Lilian Austin, de David du même nom, a une histoire particulière chez moi. Je l'ai planté en 1991, il a végété, offrant sa magnifique couleur corail, pâlissant avec l'âge, avec une floraisons assez chiche. Puis au printemps 1999, le bois était noir, j'ai taillé : noir jusqu'au coeur, taillé encore, sans meilleure allure. Finalement j'ai tiré et un pied énorme, sans aucune radicelle est venu très facilement. J'ai jeté le tout et fait une croix sur ce rosier.

Lilian Austin, de David Austin
Mais en 2001 quelques pousses ont fleuri, à mon grand étonnement. Et depuis, il se comporte comme un rosier ancien, émettant de nouvelles pousses chaque année à travers la plate-bande, vagabondant à son gré, mais toujours aussi enchanteur ...

Lilian Austin, de David Austin
J'ai ensuite acheté Evelyn, du même David Austin. Un peu déçue par son coloris trop rose à mon goût, et presque trop semblable à Abaham Darby. Mais depuis plusieurs années, son coloris vire au plus saumoné, même s'il n'atteint pas encore le blanc rosé si délicat vanté par le prospectus.

Evelyn, de David Austin
Offert par ma soeur en 1998, il a mis presque 5 ans avant de se développer et d'offrir des fleurs sur des tiges suffisamment rigide pour les soutenir. Je l'ai beaucoup utilisé pour mes bouquets, parce que ces belles corolles piquaient du nez et ne ressortaient pas des feuillages des vivaces alentour. Lui aussi, il est reparti de la base cette année, mais il semble se comporter bien mieux que par le passé. A croire que le gel a eu du bon!
Enfin, pour terminer, je vous présenterai un rosier ancien que je chéris spécialement, malgré qui'il ne soit pas remontant. Il n'a pas de nom, c'est un bel inconnu. Je l'appelle du nom de l'oncle qui me l'a donné et chez qui il fleurissait abondamment à fin mai. C'est un généreux, mais qui supporte assez mal la pluie qui fait moisir ses gros boutons qui mettent long à éclore. Son parfum est d'une finesse extraordinaire, et me rappelle les confitures à la rose du Liban. Rose de Damas, rose bourbon, rose centifolia : les spécialistes à qui je l'ai présentée sont tous d'un avis différent. Donc, pour moi, elle reste la Rose de l'Oncle Georgy.

Rose de Damas ou Rose Bourbon ou Rosa centifolia
Je vous présenterai bientôt les petits nouveaux, les anciens qui repiquent, et mes rosiers qui sont encore en convalescence. Mais ces quatre rosiers sont les vedettes de mon jardin, cette année encore.


mercredi 13 juin 2012

Blanc

Il pleut - vous le savez tous. Il fait froid - vous le savez peut-être moins. Le jardin dégouline et frissonne sous le vent. Mais il va son chemin, avec les fleurs qui courbent la tête, et les autres, celles que le climat semble ne pas atteindre ...
Le blanc est mis au jardin de Gine, et dès la porte franchie, je suis assaillie par le parfum du sureau, qui a bien supporté la taille drastique de janvier.


A son pied,  comme pour lui faire concurrence, tant en couleur qu'en parfum, avec la même profusion, un petit seringa à fleurs simples, qui pousse en broussaille, et que je taille sévèrement après la floraison. Je ne le vois qu'en partie depuis la maison, mais son parfum est si tenace que je ne l'oublie jamais ! Ne connaissant pas son nom exact, je l'appelle "Bazooka", tant il me rappelle le goût écoeurant des énormes chewing-gum roses de mon enfance...


Le Deutzia dégingandé qui faisait haie a besoin d'être recépé, mais offre encore de jolies branches avec ses clochettes frangées qui attirent les abeilles.


D'autres clochettes, plus importantes, illuminent le pommier Everest, tout en feuilles et nouvelles pousses. La Campanule persicifolia se ressème où bon lui semble dans le jardin, et fleurit comme elle l'entend  - tantôt blanche, tantôt bleue.


Les digitales font l'objet de soins attentionnés et je ne les réussis pas toujours ! Souvent la moisissure les atteint et je dois arracher les plantes malades. Cette année, elles sont magnifiques partout dans le jardin, en rose principalement, mais en voici une blanche, très grande.


Le dernier iris blanc a résisté mais commence à montrer quelques signes d'épuisement, alors vite, un dernier portrait:


Les têtes des aulx violets sont cueillies pour en faire des bouquets secs et géométriques, mais les aulx blancs, moins ronds, sont encore en pleine floraison et ajoutent leur note presque argentée à la symphonie blanche.


Les pucerons s'en donnent à coeur joie sur les pousses des rosiers, des campanules et des camomilles. Ils ne semblent pas vouloir reculer devant les douches froides de la pluie ou les doigts gantés de la jardinière.
Pour les impressionner, j'ai décidé d'installer une fée au jardin, pour que de ses yeux bleus, elle les foudroie...


Cette fée ironique régnait sur les gravats à la déchetterie ce matin... J'ai été touchée par sa grâce début de siècle. Je vais lui trouver un trône où elle pourra discrètement veiller et protéger le petit monde du jardin, celui des insectes et des plantules.

dimanche 10 juin 2012

Au jardin de Homedream

Michèle, de Homedream, a gentiment et courageusement ouvert son jardin ce samedi. A la dernière minute, j'ai décidé de faire le déplacement, et je ne fus pas déçue de cette rencontre entre blogueuses jardinières.
D'accord, le sujet de discussion et le héros principal étaient tout trouvés. Mais l'accueil chaleureux et amical à mon arrivée m'a fait chaud au coeur. Tout de suite sur la même longueur d'ondes !
Dès l'entrée, le jardin montre son caractère avec un grand massif de vivaces, ou chaque plante a sa place au soleil, et semble être mise en évidence par les autres. Couleurs et formes bien pensées, avec beaucoup de soin.  Hostas, géraniums, sauges ont la part belle. Les floraisons s'étagent de la plus petite à la plus extraordinaire : l'oeillet deltoïde, l'alchémille, la valériane et enfin une pivoine blanche gigantesque. Un ensemble très équilibré, dominé par le Cornus japonica, contre la haie, dont je vous montre le détail : ravissant !



Michèle a gentiment présenté à son auditoire, plante après plante, avec plein d'anecdotes et de renseignements botaniques. Beaucoup de questions et de discussions autour des plantes, l'ambiance était bon enfant et par moment presque studieuse.


Grande collectionneuse, Michèle aime trouver la plante spéciale, et parmi ses nombreux coups de coeur, exotiques ou locaux, en voici deux qui m'ont impressionnée par leur forme éblouissante.

Sarracenia
Cypripedium
 Petit jardin, tout en harmonie ... Depuis la terrasse, le regard embrasse les massifs colorés, sur un fonds de grande haie arborée. La rocaille, qui mène au bassin, joliment cerclé de graviers.



Plus bas, un grand massif de feuillages colorés : là encore, tout n'est qu'harmonie.


J'ai été très impressionnée par le savoir faire de la jardinière, par le soin apporté au massif - je pourrai en prendre de la graine! - par le souci d'équilibre des masses. Les rosiers commençaient à peine leur floraison, avec beaucoup de retard, certains végétaux ont souffert du gel, mais tout semble déjà réparé.
Ciboulette, la belle tigrée, nous a accompagnés un petit moment, mais elle devait se demander pourquoi nous ne voulions pas jouer avec elle : bien trop passionnés par découvertes et explications de son humaine jardinière !

Voici le lien pour voir le jardin en virtuel, promenez-vous, vous verrez, c'est beau:


vendredi 8 juin 2012

Contrastes et autres petites spécialités

Je vais aujourd'hui vous présenter un compagnon de plus de 35 ans, le Dianthus plumarius plenum album, de sont petit nom "oeillet de grand-mère".


Ce compagnonnage a commencé dans mon premier jardin personnel. Il était au jardin d'une maison 1900, où nous avions la chance de louer un appartement à bas prix qui comprenait un petit lopin à l'abandon depuis plusieurs années, mais où quelques plantes, muguets, pivoines et ces oeillets en touffes disparates, continuaient de fleurir. Son parfum est enchanteur, et je me suis empêchée de sauver ce gracieux, sous les quolibets des voisins amis : l'oeillet était alors vraiment taxé de "vieille" fleur ringarde. Il a si bien repris, que j'en ai distribué à droite, à gauche, et surtout à ma mère, qui l'a conservé dans son jardin urbain pendant mes séjours à l'étranger.
A mon retour, je l'ai mis dans une potée sur le balcon, où il a fait florès, et ensuite dans mon jardin actuel. Il est en perte de vitesse chaque deux ou trois ans, mais je le marcotte fiévreusement, ne voulant rien perdre de sa fragrance et de sa grâce.


Il fleurit en même temps que la Clématite Le Président, et le contraste est là : tout les oppose, et si je chéris cet oeillet porteur de tant de souvenirs, j'admire cette capricieuse clématite qui n'a bien voulu fleurir chez moi que depuis quelques années.


L'oeillet est petit, près du sol, très parfumé, et supporte très mal la pluie. Le Président est énorme (un empan pour cette fleur), il s'élève au dessus de la mêlée, sans aucune odeur et les averses ne lui font pas peur. Et pourtant, l'un comme l'autre, ils focalisent les regards en cette saison.

Pour les plantes plus rares - en tout cas dans ma région - j'ai ramené de Berchigranges, en 2010, deux vivaces sans prétentions, mais avec un petit plus, qui les distingue de la plante mère qui se plaît dans mon jardin.
Le Silène fimbriata, cousin du Compagnon blanc qui colonise parfois mes plate-bandes, a pris de si belles proportions que je vais devoir le déplacer à l'arrière du massif, où il sera plus à l'ombre, ce qui devrait mieux lui convenir.


L'Asperule hirta forme déjà un grand coussin à l'arrière du Coeur de Marie et  illumine un coin un peu triste et difficile d'accès...


Je les aime parce qu'ils se sont bien acclimatés chez moi, qu'ils sont blancs et surtout, parce que je garde un souvenir impérissable, une émotion très forte de mon passage à Berchigranges et de la gentillesse des propriétaires.. Si vous ne pouvez le visiter, allez voir le site : cela vous fera envie de faire le déplacement ou de le programmer! En route pour Berchigranges

Et enfin, un petit cadeau bisannuel : le Pigamon (Thalictrum aequilegiifolium), qui fleurit dans mon coin marais, au-dessus de la mêlée des astilbes.


Pour terminer, un caprice que je m'offre depuis plusieurs années : le Cosmos chocolat (Cosmos atrosanguineus) qui se plaît en potée sur ma terrasse plein sud et attire de nombreux papillons et insectes. Je ne résiste pas non plus à respirer tout près de son coeur : douceur vanillée.


Toutes ces photos ont été prises avant les grosses averses de cette nuit et de ce matin... J'espère ne pas devoir renoncer à mon bouquet annuel d'oeillets blancs qui parfume ma maison, jusqu'à la migraine !



vendredi 1 juin 2012

Le bouquet du désastre

J'ai fait allusion hier aux jeux des fouines, innocente que j'étais ! Ce matin, tout paraissait normal,
au nord, où le feu d'artifice du Weigelia était figé dans sa splendeur


comme au sud, où mes achats d'hier attendaient patiemment dans le soleil du matin


Le premier coup d'oeil sur la route ne laissait rien présager du désastre, et j'admirais iris et pavots en enlevant leurs fleurs fanées : petite routine apaisante ...


Mais la bordure de la route a été complètement écrasée - que dis-je ? - saccagée par quelque chose de bien plus lourd qu'une fouine. On peut dire que LA chose s'est vautrée dans mes Hémérocalles flava et  mes géraniums bleus dont j'étais si contente de l'association. La bordure de lavande est cassée juste avant la floraison, comme les poids de senteurs vivaces. Sans parler d'Alchémille, de Chataire et autres Hélianthèmes.  Ce doit être un renard qui vient dormir à deux ou trois endroits différents, juste en bordure de route. Mais il doit avoir la taille d'un saint-bernard ! Pas de photo : c'est trop moche !
Bon, j'ai taillé, coupé, remis en place les piquets de bambous installés hier mais qui n'ont pas eu l'effet escompté. Et voilà le bouquet du désastre, parce qu'il ne faut pas se laisser abattre. J'ai pu récupérer quelques fleurs pour faire avec du laid, quelque chose de satisfaisant !

Géranium Johnson Blue, Alchémille, Scabieuse, Hémérocalle flava, et fleurs d'aegopode
Heureusement, tout près de la maison, un nouvel iris a vu le jour aujourd'hui, plus tendre, plus rose que tous les autres.


Et la première rose, rose elle aussi : Gertrud Jekyll, toute timide, mais si consolante.